Merci pour le documentaire et la question!
Tranche de vie, pour répondre à la question.
Dans l'écurie de mon instructeur les huit palefreniers étaient tous des travailleurs handicapés. Ni handicapés moteurs, ni sensoriels, non, neuromoteurs légers et mentaux sous traitement médicamenteux lourd pour la plupart car considérés dangereux sans, ils étaient sous la responsabilité d'un éducateur spécialisé. Ils faisaient les boxes , pansaient les chevaux, les mettaient au pré, et certains les longeaient quand il n'était pas possible de les lâcher. Les propriétaires les avaient acceptés, parfois non sans mal. Mais après avoir constaté que « Champion » revenait du pré plus facilement, que « Dadou » était bien plus sage au pansage, avec le palefrenier qu'avec eux même, ils avaient fini par reconnaître leur existence et par les apprécier. À ma question : « pourquoi avoir choisi de travailler avec les chevaux? » les réponses étaient immanquablement: « Parce qu'avec les chevaux: je suis vivant, je suis normal, j'existe! »
Mais comme c'est un instructeur qui pose la question, je me doute que la réponse éventuelle n'a rien à voir avec l'exotisme à la fraxinus.
Pour les handicapés moteur ou neuro moteur le but des séances est de travailler des groupes musculaires posturaux qui ne peuvent être mis en jeu autrement. Le cavalier apprend à « bouger » son corps donc à en prendre conscience, et ensuite à rechercher volontairement la posture et la gestuelle la plus appropriée pour communiquer avec son cheval à pied ou à cheval. Le cheval devient un partenaire de soins qui n'a pas son pareil pour motiver les malades sans qu'ils s'en rendent compte.
« Cheval de soins » encore une profession dans laquelle les chevaux excellent. C'est une profession qui nécessite une aptitude particulière: être calme et réfléchi; un apprentissage certain car porter quelqu'un qui ne sait pas du tout se tenir à cheval demande au cheval de compenser l'équilibre défaillant des patients. Le cheval se charge également de reconnecter à la vie les humains emmurés, autistes ou handicapés mentaux.
Mais pour que le cheval puisse assumer ce rôle de soigneur d'humains il faut surtout qu'il puisse s'exprimer librement pour mieux guider son patient, l'équicien sert alors essentiellement de traducteur au patient.
Le cheval soigne même les cavaliers « normaux » mais ce sont là les patients les plus difficiles.