CE QUI SE CONÇOIT BIEN S'ÉNONCE CLAIREMENT. ET LES MOTS POUR LE DIRE ARRIVENT AISÉMENT (BOILEAU) |
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| Peur ! certes mais de quoi? | |
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+5Aurore-Akab Muriel Le Mestric mawawa yveskatz fraxinus 9 participants | |
Auteur | Message |
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Muriel Le Mestric
Messages : 819 Date d'inscription : 01/02/2010 Age : 44 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Mer 18 Jan 2012 - 21:29 | |
| - fraxinus a écrit:
Je me vois mal réprimander un enseignant sur son savoir; sur son comportement humain, je l'ai déjà fait mais pas sur la matière qu'il m'enseigne. Je dois être de la « vieille école ». S'il y a désaccord sur la « matière » je préfère demander des explications plus approfondies et la plupart du temps j'adopte son point de vue car son savoir et son expérience sont, pour moi, la garantie de la justesse de son son enseignement.
Je ne vais réprimander un enseignant sur sa façon de monter que si je la trouve irrespectueuse envers le cheval. Ca m'est arrivé de gueuler à travers une grande carrière "arrête de taper sur ton cheval" à un agent des HN ! Sans complexe : j'estime que mon comportement est moins honteux que le sien ! Si l'enseignant reste respectueux du cheval, je ne vais pas le pourrir, mais lui faire un commentaire pour engager une conversation, poser des questions pour obtenir des éclaircissements...un peu comme vous, Fraxinus. En revanche, je me réserve le droit bien breton d'être tétue et donc de camper sur mes positions... Ce qui m'arrive parfois de façon définitive. Mais comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, je peux aussi finalement adopter son raisonnement longtemps après (plusieurs mois ou plusieurs années plus tard). - fraxinus a écrit:
- Ce que font certainement les enseignants, mais le problème est que le cavalier n'a pas toujours le cran de le dire. J'ai connu une cavalière qui me disait que le dressage l'ennuyait profondément et qu'elle préférait l'obstacle. Elle ne participait qu'aux reprises de dressage. À ma question: « mais pourquoi ne pas participer aux reprises d'obstacle », elle répondit qu'elle n'osait avouer à notre instructeur qu'elle avait peur des barres, et que c'était pour cette raison qu'elle lui avait dit vouloir faire du dressage. Et pourtant notre instructeur était « cool » et à l'écoute de ses cavaliers. Mais dans ce cas précis il y a d'autres raisons qui entre en compte j'y reviendrais plus tard.
D'où mes plusieurs dizaines d'autres questions, qui suivent cette première "pourquoi voulez vous suivre mon enseignement ?". Je ne vais pas me contenter de "je veux apprendre le dressage". Je vais lui demander, pourquoi ? et quand elle m'aura répondu, je lui redemanderai "pourquoi", et encore après, "pourquoi ?", et ainsi de suite. Jusqu'à ce que mon interlocuteur soit allé jusqu'au bout de sa curiosité intérieure...jusqu'à se poser les "bonnes questions". - fraxinus a écrit:
- yveskatz a écrit:
- Je ne pense cependant pas que, ni l'un ni l'autre, ne soient source d'angoisse. Objets inanimés, soumis à la volonté de l'homme toujours présent à côté de la machine, l'étudiant est conscient qu'il ne risque rien,sauf de mal faire... Et c'est à ce niveau que l'enseignant intervient pour guider l'élève
C'est bien ce qu'il me semblait. La source d'angoisse et de peur des débutants qui ne connaisse pas le cheval viendrait du fait que le nouveau cavalier ressent , non seulement, le corps du cheval en mouvement mais également, ses émotions, son esprit, son âme, je ne sais comment l'exprimer, ce qui fait qu'un être vivant est vivant?
On m'avait attribué, pour mes première leçons, un vieux routier parfaitement routinier et mécanisé dans son métier , comme on le fait souvent par souci de sécurité, ce qui est parfaitement justifié. Mais là, rien , pas de connexion , il n'était pas avec moi, je n'étais qu'un chargement sur son dos, un vulgaire ballot qu'il allait promener pendant une heure dans le manège. J'étais mal. Un incident bénin me fit chuter. Et j'ai eu peur.
Le cheval est un animal plus fort que nous, émotionnellement très sensible, vivement réactif et potentiellement imprévisible. Ce qu'une machine n'est pas. Fraxinus, lorsque vous décrivez ce cheval de club "spécial débutant", n'avez vous pas l'impression qu'il ressemble un peu à un cheval mécanique ? La seule connexion possible avec Percival est électronique. L'émotion n'entre pas en ligne de compte...comme un cheval lobotomisé qui ne réagit plus à ce que ressent son cavalier. Le propre d'un cheval est d'être plus ou moins "émotionnellement très sensible, et vivement réactif" : un animal qui n'est plus ainsi, n'est plus un cheval...mais une coquille vide. Vous-même avez constaté qu'il y avait quelque chose de "pas normal". Et je trouve cela terriblement triste qu'un cheval ait du se vider de son âme pour survivre dans son lieu de travail, et devenir un cheval de rame, "idéal pour les débutants". Dans des conditions optimum, un débutant peut s'initier sur un "vrai" cheval, un cheval sensible et réactif, dans des proportions raisonnables, évidemment. Et dans des conditions de sécurité bien meilleure que dans un club lambda, sur un cheval lobotomisé... - fraxinus a écrit:
- Muriel Le Mestric a écrit:
- Lorsqu'on voit certaines personnes, elles semblent parfaitement détendues et à l'aise. Mais en leur demandant comment elles se sentent (dans une vraie démarche émotionnelle, c'est pas juste "salut, ça va ?"), elles peuvent alors donner une réponse en total décalage avec leur apparence extérieure, avec ce que nous croyions en les regardant : forte agitation intérieure, crispation profonde, perturbation de la concentration, malaise et mal-être, etc...
Vous dites bien « elle semblent », je suppose donc que quelque chose dans leur attitude vous a mis la puce à l'oreille pour que vous entamiez une vraie démarche de questionnement émotionnel. Non, leur attitude était parfaite. Même le cheval ne donnait aucun signe de perturbation. Le questionnement émotionnel est un rituel incontournable qui commence chaque séance. J'enseigne la relation avec le cheval, une équitation abordée par l'émotion du cavalier : il est donc indispensable de déterminer par quelle émotion s'entame une séance. Et notre société nous a formidablement bien appris à cacher et renier nos émotions, que même le cheval peut ne pas y réagir ! D'ailleurs, si moi-même, je ressents une émotion particulièrement forte, positive ou négative, j'en fais part à mon élève, car celà peut influencer le cheval et l'ambiance de la séance en général. Il en est ainsi informé. - fraxinus a écrit:
Ce qui peut amener une autre peur, celle que l'autre nous voit tel que nous sommes réellement. Comme la plupart du temps nous croyons ignorer à tort ou à raison qui nous sommes, ou nous ne nous acceptons pas tel que nous nous percevons nous même, nous avons peur qu'une tierce personne, l'enseignant, en sache plus que nous même sur notre propre compte ou s'en qu'elle s'en servent contre nous. Nous avons peur du pouvoir que cela lui pourrait lui donner sur nous. C'est pourquoi le cavalier est vulnérable et que la mise en confiance de part et d'autre doit être complète.
C'est pourquoi lors de cet échange de question/réponse, l'enseignant doit rassurer le cavalier sur la raison d'être : ce n'est pas de la curiosité mal placée, c'est pour travailler dessus. Ainsi, l'élève apprend bcp sur lui-même. Il développe une auto-curiosité intime, utile pour tisser une relation avec le cheval. Si on veut aller plus loin, ça peut aussi servir à mieux comprendre les relations humaines, familiales et professionnelles. Jamais l'enseignant ne peut se permettre de juger son élève sur ses émotions : il se doit de toujours être dans une attitude empathique. C'est ainsi que se construit la confiance dans leur relation. Le cheval ne juge jamais l'humain qui est à ses cotés, quel que soit son comportement envers lui : qu'il soit sincère ou incohérent. C'est ce que comprennent les handicapés et les enfants : le cheval ne les juge pas, ne juge pas leur handicap...contrairement à tant d'humains. Alors, ils ne cherchent plus à "paraitre" : ils sont ce qu'ils sont, librement. Notre société nous apprend tellement à porter un masque social pour paraitre ce que nous ne sommes pas intimement, comme un jeu de rôle. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 19 Jan 2012 - 10:35 | |
| - Muriel Le Mestric a écrit:
- Mais comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, je peux aussi finalement adopter son raisonnement longtemps après (plusieurs mois ou plusieurs années plus tard).
Parfois, certaines idées mettent du temps avant de faire leur chemin. (souvent le signe d'une belle rencontre) - Citation :
- Et je trouve cela terriblement triste qu'un cheval ait du se vider de son âme pour survivre dans son lieu de travail, et devenir un cheval de rame, "idéal pour les débutants".
Je ne crois pas qu'ils soient vides. Juste qu'ils aient appris à mettre de côté leur cerveau, un peu comme nous quand on va bosser dans des conditions défavorables... Je garde le souvenir ému d'un vieux papy, qui faisait encore la rame dans un gros club usine à plus de 20 ans... Cheval de rame "sans âme" 95% du temps, 3% du temps à jouer des tours de vieille bourrique à des cavaliers un peu trop malpolis, et peut-être 2% à être un professeur pétri de bienveillance avec ceux qui le traitaient avec respect. Un vieux Monsieur, pas décérébré du tout, simplement qu'il avait appris à préserver sa dignité et son intelligence pour faire sa vie dans cet endroit. - Citation :
- Notre société nous apprend tellement à porter un masque social pour paraitre ce que nous ne sommes pas intimement, comme un jeu de rôle.
Eh oui... Le masque social est un "mal nécessaire", obligé, dans un cadre social. Ne pas oublier que ceux qui ne l'ont pas, sont socialement handicapés et lourdement décalés par rapport à la société. Impossible d'être soi-même en société: nous sommes forcément en représentation. Or le cheval ne se soucie pas du tout de notre "image", il ne la perçoit même pas: c'est nous tels que nous sommes, qu'il voit. Je me dis souvent que s'il ne voit de nous que ce que nous sommes, et non ce rôle de représentation sociale dans lequel nous nous sommes plus ou moins entièrement investis, c'est lui qui doit trouver la plupart des humains creux et sans âme. |
| | | Muriel Le Mestric
Messages : 819 Date d'inscription : 01/02/2010 Age : 44 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 19 Jan 2012 - 11:49 | |
| - Nathalie G. a écrit:
Je me dis souvent que s'il ne voit de nous que ce que nous sommes (...), c'est lui qui doit trouver la plupart des humains creux et sans âme.
Tu n'aurais pas une image plutôt négative de l'Humanité pour imaginer que nos personnes soient creuses et sans âme si nous laissons nos vrais "moi" émerger sous nos masques ? Notre sincérité est inhabituelle dans notre société, mais la sincérité émotionnelle est bien plus juste que le masque social. Nous sommes alors considérés pour ce que nous sommes réellement, et non pour ce que nous voulons nous faire passer. Exemple : lors de ma formation en équitation émotionnelle, pdt une séance, un ado raconte qu'il s'est frité méchamment avec une de ses prof. Cet ado est le caïd de sa classe, bcp de prof le qualifie d'irrécupérable : en échec scolaire depuis des années, il est très dur, très agressif, anti-tout... Lorsqu'on lui a demandé ce qu'il a ressenti face à cette prof, il m'a dit qu'il était en rage, furieux. Il avait même envie de la frapper. Et une fois rentré chez lui ? Il a avoué à demie-voix qu'il était très triste, car les mots de la prof l'avaient blessé intérieurement et qu'il a pleuré seul dans sa chambre. Qui pourrait imaginé qu'un tel caïd soit si sensible ? C'est la sincérité émotionnelle qui lui a permis de dévoiler cette facette cachée de son âme. Mais son masque social lui apporte bien plus de souffrance que de soulagement, non ? Il lui a été suggéré de dévoiler cette facette secrète à cette enseignante. Evidemment pas devant toute sa classe (ce garçon a encore bien trop de fièreté de porter ce masque de caïd dans sa bande), peut-être même pas en face-à-face (mais en écrivant une lettre) ? Peu importe que cette prof s'en excuse ou n'en tienne pas compte. Au moins, il aura été sincère avec elle, et avec lui-même. Face à un cheval, les masques sociaux ont plus de mal à tenir. Mais certaines personnes sont tellement dépendantes de leur masque qu'elles arrivent à le garder, même face à lui. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 19 Jan 2012 - 13:18 | |
| - Muriel Le Mestric a écrit:
- Tu n'aurais pas une image plutôt négative de l'Humanité pour imaginer que nos personnes soient creuses et sans âme si nous laissons nos vrais "moi" émerger sous nos masques ?
C'est bien possible en tous cas, merci Muriel pour ta réponse lumineuse et humainement enrichissante. - Citation :
- Notre sincérité est inhabituelle dans notre société, mais la sincérité émotionnelle est bien plus juste que le masque social. Nous sommes alors considérés pour ce que nous sommes réellement, et non pour ce que nous voulons nous faire passer.
Les émotions me semblent trop liées aux humeurs de l'instant: une joie exubérante parce qu'on va voir son cheval tout l'après-midi, une humeur susceptible à cause d'une dispute à la maison, un état anxieux parce qu'on est stressé au boulot, etc.. Précisément ce que la plupart des "étholos" recommandent de mettre de côté face au cheval. Le cheval ne peut pas comprendre qu'on lui a sauté au cou parce qu'on passera tout le dimanche avec lui, ou qu'on s'est mis en colère injustement parce qu'un souci extérieur nous aura énervé toute la journée. Nos émotions sont peut-être "vraies" pour nous, mais elles sont incompréhensibles (voire imprévisibles) pour le cheval, à qui leur contexte humain échappe. En abordant les chevaux, l'on aborde un autre fonctionnement émotionnel, foncièrement différent. - Citation :
- Mais son masque social lui apporte bien plus de souffrance que de soulagement, non ?
J'observe une foule de gens plus ou moins inconsciemment dans ce cas... Pas seulement des caïds, loin de là... Je vois beaucoup de gens se rendre eux-mêmes intérieurement malades ou dépressifs à des degrés divers, à cause d'une image d'eux-mêmes à laquelle ils s'accrochent désespérément. Ca et les émotions négatives... - Citation :
- Face à un cheval, les masques sociaux ont plus de mal à tenir.
Ils sont également totalement inutiles voire nuisibles. Mais comme tu le soulignes, pas évident de les revêtir 95% de notre temps, et de s'en affranchir aussitôt qu'on le souhaite. Le but n'est évidemment pas d'être capable de s'affranchir de nos masques sociaux & autres contextes émotionnels humains, mais d'être conscients le plus possible de notre fonctionnement et de nos limites. |
| | | Muriel Le Mestric
Messages : 819 Date d'inscription : 01/02/2010 Age : 44 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 19 Jan 2012 - 14:50 | |
| Lorsqu'on porte le même masque depuis des dizaines d'années, le jour où il tombe, ça peut faire très, très mal car on se sent soudainement terriblement vulnérable. Alors que le masque nous donnait (généralement) une apparence forte, comme un blindage qui protègerait notre extrème sensibilité. En niant cette sensibilité, on pourrait effectivement se provoquer des maladies tels que des cancers par exemple.
Comme nous le cheval a ses mouvements d'humeur et il peut parfaitement comprendre que nous en ayons aussi. Je suis certaine qu'il t'es déjà arrivé de travailler avec un cheval stressé un jour, alors que la veille, il était hyper cool ; un cheval qui regarde avec insistance dans une direction alors qu'on n'y voit rien de particulier ; un cheval qui refuse de passer à un endroit du manège où il n'y a rien de spécial ; un cheval qui s'angoisse d'être séparé de son copain d'écurie/pré ; un cheval qui ne pense qu'à regarder un congénère qui travaille en même temps dans la carrière ; un cheval qui refuse d'exécuter un exercice qu'il fait habituellement sans pb ; mais aussi un cheval subitement joyeux ou appliqué au travail ; etc...
Le problème de l'humain par rapport au cheval, c'est qu'il rumine ses émotions, surtout les négatives. Le cheval n'est définitivement pas un ruminant, ni alimentaire, ni émotionnel.
Ce qui compte n'est pas d'avoir une émotion, même négative. Ce qui compte, c'est de transformer notre point de vue pour faire évoluer cette émotion...et d'arrêter de la ruminer, de passer à autre chose, sans nier cette émotion négative, mais en la transformant en sa polarité positive. Ainsi, la peur (sujet initial de la conversation) deviendra du courage teinté de prudence raisonnable. Ce processus de transformation exige évidemment un important travail sur soi.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Ven 20 Jan 2012 - 12:38 | |
| - Muriel Le Mestric a écrit:
- Comme nous le cheval a ses mouvements d'humeur et il peut parfaitement comprendre que nous en ayons aussi.
Yesss. Cela dit, contrairement à nous, ses humeurs sont directement associées à l'instant, le cheval vit "ici et maintenant". Ce matin par exemple, mon hongre s'en est pris injustement au reste du troupeau, donc effectivement mouvement d'humeur (massacrante) manifeste. Mais la cause était "ici et maintenant", et tout ce qu'il y a de plus concret d'ailleurs: il venait de se prendre un coup de jus sur le nez en essayant de mordiller la clôture. - Citation :
- Le problème de l'humain par rapport au cheval, c'est qu'il rumine ses émotions, surtout les négatives. Le cheval n'est définitivement pas un ruminant, ni alimentaire, ni émotionnel.
J'aime beaucoup ton analyse! - Citation :
- Ainsi, la peur (sujet initial de la conversation) deviendra du courage teinté de prudence raisonnable.
Ce processus de transformation exige évidemment un important travail sur soi. Oui, cela demande un gros travail sur soi. La peur est normale: c'est normal d'avoir peur quand on se retrouve sur le dos d'un animal de 500kg, doté de sa propre volonté, dont on ne comprend ni ne maîtrise pas toutes les réactions. Il faut un certain temps pour s'apercevoir que ces réactions, quoique puissantes et pas toujours maîtrisables, ne nous sont pas "hostiles" pour autant. Par rapport à ma propre peur, j'ai beaucoup progressé par exemple, quand j'ai vraiment compris que l'énergie énorme de cette jument que je montais, n'était pas dirigée contre moi. On a de moins en moins peur des choses aussi, au fur et à mesure qu'on apprend à mieux les connaître: c'est là le rôle d'un bon enseignant. |
| | | Muriel Le Mestric
Messages : 819 Date d'inscription : 01/02/2010 Age : 44 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Dim 22 Jan 2012 - 13:21 | |
| Bravo ! C'est très exactement ça... | |
| | | fraxinus
Messages : 1079 Date d'inscription : 01/08/2011
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Dim 22 Jan 2012 - 16:51 | |
| Votre discussion sur les émotions et les masques est vraiment intéressante. Les chevaux aussi peuvent revêtir un masque. N'est ce pas ce que fait le vieux routier de club ? Il se ferme aux émotions des cavaliers débutants pour ne suivre que les indications de l'enseignant. Ces chevaux là loin d'être décérébrés ou sans âme ils ont souvent une force de caractère rare qui leur a permis de s'adapter à leur métier et d'être capable de remplir leur rôle jusqu'à un âge avancé. Ils sont très précieux dans une école d'équitation. Ces chevaux là trouve très facilement une maison d'accueil au moment de leur mise à la retraite, de nombreux cavaliers ex débutants leur sont très reconnaissants de les avoir aidé à entrer en « équitation ». Les chevaux comme les humains sont capables de « ruminer » des émotions. J'ai été amenée à replacer des chevaux mis à la retraite plus ou moins tôt pour cause de vieillesse ou d'usure prématurée. L'un d'eux m'a posé de gros problèmes de replacement. Je vous est parlé de ce cheval qui a chuté avec son cavalier au cours d'une séance de horse ball: fracture du processus tendineux de la 3eme phalange et de l'apophyse cervicale de C5. Après 2 mois d'arrêt en box , il était toujours boiteux et le club décida de s'en débarrasser au prix de la boucherie, il avait 9 ans, de bonnes origines et quelques gains en complet. J'en fis l'acquisition pour une bouchée de pain symbolique et le changeait d'écurie pour le soigner et le replacer. Il était dépressif, ceci n'est nullement une vue de l'esprit, mais un diagnostic de ma véto et le résultat de la douleur physique et de l' « abandon au boxe ». Ce n'est pas le seul dépressif que j'ai rencontré. Les dépressions équines sont plus fréquentes qu'on le croit. Ce cheval a vraiment eu du mal à cesser de « ruminer » sa tristesse. Avec le changement d'écurie, les soins et la compagnie d'un poulain il a réussi à réenclencher un cycle émotionnel normal (voir médecine chinoise ci-dessous). Au bout de 18 mois, il était physiquement guéri mais restait psychiquement fragile , comme j'allais le découvrir. Avec sa guérison est arrivé le moment de nous séparer, je n'avais pas les moyens matériels d'entretenir un cheval à vie. Je trouvais plusieurs cavaliers(ères) intéressés par un cheval à ménager, et laissais, à leur demande, un temps d'essai de 1 à 2 mois. Il les éconduisit systématiquement en ciblant le point faible de chacun c'est à dire la peur la plus profonde, qui n'était pas forcément la peur de se faire mal physiquement. Mais surtout pendant cette période qui dura 1 an il est resté bloqué à ruminer sa colère qu'il exprimait envers tout ceux qui s'en occupait moi y compris. Ma vétérinaire m'a aidé à comprendre quels étaient les sentiments et émotions du cheval ainsi que les miens ce qui a permis de dénouer la situation. Les masques des humains leur permettent de ne pas passer pour des sociopathes ou plus simplement de se protéger et de protéger les autres. L'humain a un goût inné du sang et des larmes mais certaines blessures peuvent également engendrer le dégout, le masque est alors très utile. Un masque ne peut tomber que petit à petit avec la connaissance et l'acceptation de soi et des autres et les chevaux peuvent nous aider, dans le cadre d'une psychothérapie en équithérapie, ce qui n'est pas le but de l'enseignant d'équitation. Mais inciter un ado en difficulté à tomber le masque est un travail de longue haleine qui doit être mené avec précaution pour éviter de le mettre en danger par rapport à lui même. Les masques sont utiles et ne sont pas là par hasard. Les émotions ne sont ni négatives ni positives, elles aussi sont utiles quelles qu'elles soient. La médecine chinoise l'explique très bien. Pas de positif ni de négatif juste du yin et du yang pour trouver le bon équilibre et le garder. Le cycle des cinq éléments l'exprime très bien.(le terme rumination est employé dans le sens réflexion) La peur alimente la colère qui alimente la joie qui alimente la rumination (réflexion) qui alimente la tristesse qui alimente la peur....c'est le cercle normal qui peut s'interpréter de la façon suivante, à contrario: la peur calme le tristesse qui calme la rumination qui calme la joie qui calme la colère qui calme la peur. C'est le cycle « sheng » Si on surprend quelqu'un de triste, il prend peur: peur; se met en colère contre celui qui lui a fait peur: colère; fini par rire de sa propre peur: joie; et enfin réfléchi à ce qui l'a effrayé: rumination ce qui l'a distrait de sa tristesse. Trop de peur détruit la joie. Trop de joie détruit la tristesse qui est aussi nécessaire pour la pitié ou la compassion. Trop de tristesse détruit la colère également utile. Trop de colère détruit la rumination l'analyse, la réflexion. Trop de rumination détruit la peur nécessaire à la survie. C'est le cycle « ko » Ce qui est néfaste pour l'organisme c'est un excès d'émotion qui peut provoquer un blocage de l'organisme dans l'émotion. Mais que la peur soit suivie de la colère est parfaitement normal chez un individu sain. Dans le cas de la peur, pour éviter le blocage de l'élève, l'enseignant à recours à la réflexion, la « rumination » il pratique donc la médecine chinoise en utilisant le cycle « ko ». L'enseignant pourrait aussi recourir au cycle « sheng », provoquer la colère de l'élève pour dépasser sa peur, c'est ce qui ce faisait couramment autrefois. Aujourd'hui cette pratique est considérée comme humiliante, je pense surtout qu'elle est moins constructive car le cheval risque de pâtir de la colère de l'élève. Comme vous, je pense que la peur se combat mieux par la connaissance du cheval, et si cette connaissance ne suffit pas le fait de distraire le cavalier de sa peur par un chaton ou des situations ludiques me paraît également un moyen indispensable en attendant que la connaissance fasse sont chemin. Comprendre que l'énergie du cheval n'est pas forcément dirigée contre nous est une étape indispensable mais pas toujours aisée à franchir, malgré la patience et la science de l'enseignant. | |
| | | fraxinus
Messages : 1079 Date d'inscription : 01/08/2011
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Mar 24 Jan 2012 - 18:35 | |
| Les différentes peurs se retrouvent à tout tout les niveaux du cavalier débutant au professionnel. La première est la peur de tomber. On m'avait dit qu'il fallait 101 chute pour faire un bon cavalier, alors je me suis hâtée au cours de ma première année de cours d'en accumuler un maximum. La peur de tomber est liée à la peur du rejet du cavalier par le cheval. Muriel Le Mestric en a parlé dans son premier post sur le sujet. Peur de se faire virer, de la séparation de corps, de l'abandon. Il me semble que cette peur revient chez le cavalier quel que soit son niveau lorsqu'il se trouve confronté à des situations difficiles dans sa vie professionnelle ou privée. Elle peut être atténuée en changeant de cheval si le cavalier participe à des reprises où en détendant le cheval plus longuement à pied et en évitant les situations au cours desquelles le cheval pourrait avoir l'envie de se séparer de son cavalier. La peur de se faire embarquer est liée plutôt à la peur de perdre le contrôle d'une situation. Elle est également présente quand le cavalier est dans une période de sa vie qu'il ne pense ne plus contrôler. La perte de contrôle du cheval par le cavalier peut renforcer la peur de tomber et donc se traiter par les mêmes précautions. Les cas où le cheval perd lui même le contrôle de lui et s'emballe sont vraiment très rares. En cas d'embarquement, la façon la plus simple d'y remédier est de cesser le contact avec les rênes, il faut être deux pour tirer, puis de reprendre le contact dans le rythme du cheval, lui donner le sentiment d'être avec lui, de l'inciter à accélérer la cadence en pompant si nécessaire comme en course de plat et enfin de ralentir le « pompage » en diminuant l'amplitude et le rythme des bras et des épaules pour l'amener à une cadence acceptable puis au ralentissement et à la rétrogradation dans l'allure inférieure. Pour les trotteurs qui peuvent embarquer au trot de course, très inconfortable car le cavalier ne peut plus rester au trot enlever, cesser le contact puis le reprendre en contrecarrant l'avancée de l'épaule concernée. La plupart du temps , pour le galopeur comme pour le trotteur, le fait de lâcher le contact suffit généralement pour ralentir. Les deux ont besoin d'un fort contact sur la main pour embarquer. Enfin c'est ce que m'ont appris les chevaux sur la piste de galop du centre équestre où je travaillais. Si on n'a pas de piste de galop à disposition, la mise sur le cercle ou un chemin en montée suffisamment long peuvent aussi être utile. Et pour les multi récidivistes de l'embarquement, un vieux lad m'avait conseillé de les emmener au bout de leur souffle, pour les dégouter. Je n'ai jamais eu à le tester, le fait de leur lâcher la tête est suffisant pour la plupart. La peur du galop des allures vives ou du saut est également une peur de perte de contrôle qui s'atténue par l'habituation progressive d'un enseignement bien mené. La peur de la perte du contrôle chez les professionnels est liée aux responsabilités du métier. Aurore-Akab nous en avait fourni un bon exemple. Le professionnel est responsable de la sécurité des cavaliers et des chevaux et mal faire peut avoir des conséquences désastreuses. Et enfin il y a la peur du cheval face à laquelle le cavalier peut être complètement décontenancé et voir ses propres peurs resurgir et même être décuplées. Toutes ses peurs sont étroitement liées à la confiance en soi du cavalier et donc à l'estime de soi de ce même cavalier. Le cavalier est un drôle d'animal. Il a bien souvent un fort caractère, un égo surdimentionné et en même temps une grande fragilité et des doutes insurmontables. Il oscille souvent entre trop de confiance en lui et trop peu ce qui le conduit à des période de stagnation et même de régression dans sa relation avec le cheval qui peuvent amener au renoncement voire à l'abandon de l'équitation ce qui sera vécu comme un échec personnel très dévalorisant. Inconsciemment il compte sur le cheval pour résoudre ses propres problèmes d'identité, ce qui l'amène à reproduire des schémas comportementaux que le cheval révèle, met en exergue et que le cavalier a bien du mal à accepter. Autrefois l'équitation était réservée à une élite et formait des jeunes gens qui devaient devenir des meneur d'hommes et des dirigeants. Aujourd'hui avec la démocratisation, l'équitation ne servirait plus que de psychothérapie? Cette peur pourtant si utile, tonicité musculaire activée, instantanéité des réponses accélérées, est encore jugée négative alors qu'elle est simplement nécessaire. Pour la maîtriser il faudrait laisser sa vie à la porte de l'écurie, ce qui me paraît difficile, la vie est un tout, de même le cheval ne laisse pas sa propre vie à la porte du manège, il est sa vie, tout comme nous. Pour le débutant confronté à son propre déséquilibre physique et au mental du cheval dont il ignore tout, une activité distrayante, le chaton ou les situations ludiques vont l'aider. Pour d'autres cavaliers se sera la méditation qui va permettre de se connecter à l'instant présent, atténuer les pensées parasites et trouver un calme intérieur. Mais le calme du cheval ne dépend pas toujours du calme du cavalier. Reste le mental très souvent mal jugé et pourtant combien nécessaire et utile. Le mental , la détermination, la volonté du cavalier est une aide bien précieuse, sinon comment expliquer l'obéissance du cheval à un être qui lui est si inférieur du point de vue des sens comme de la force physique et des réflexes? C'est bien le mental du cavalier que s'efforçait de développer les écuyer des princes. C'est encore le mental des cavaliers que développait l'armée pour envoyer des soldats à une mort presque certaine. Aujourd'hui, du fait d'une population d'équitants mentalement plus fragile on n'entend plus parler de cette aide fabuleuse qui se développe en silence. Pourtant l'équitation a pour but la maîtrise de soi, physique et psychique, et ceci nécessite bien la maîtrise et le développement du mental du cavalier. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Mer 25 Jan 2012 - 9:30 | |
| Que de réflexions, et intéressantes. Quelques idées, comme ça, en lisant. (le fait de me trouver en décalage avec la plupart des humains me procure certaines facilités d'observation. ) - fraxinus a écrit:
- Mais que la peur soit suivie de la colère est parfaitement normal chez un individu sain.
Oui... pour ça, je pense que certains cavaliers (même à très bon niveau) ont tant besoin d'exprimer leur agressivité, leur brutalité ou leur domination face au cheval ... sur fond de peur, je pense. C'est même ce que certains d'entre eux aiment et recherchent: dominer la peur à travers des sensations fortes et des valeurs d'agressivité et de combattivité. Dans le fond, je les trouve profondément enchaînés à leur peur, loin de vivre en paix avec elle. Au quotidien, tout le monde n'est pas comme ça, loin de là, mais nombreux sont les cavaliers à réagir de manière agressive quand leur cheval leur a fait peur. C'est un réflexe. D'ailleurs, c'est une réaction globale: quand une réaction précise de leur cheval leur fait peur, ils ne réagissent pas seulement par rapport à cette réaction, mais par rapport à leur peur en général! Ne pas oublier quand on a peur dans une situation précise, que notre réaction de peur ne s'enracine pas seulement dans le présent, mais aussi dans le passé et dans toutes les situations de peur qu'on a vécues, même n'ayant rien à voir avec les chevaux. (je me doute que les chevaux sentent ainsi immanquablement nos peurs et nos doutes à travers nos réactions, et à travers tous les "masques" illusoires derrière lesquels nous tenterons de les dissimuler) Donc cette normalité n'est pas celle que je préfère ... du moins pas dans ce cadre-là! - fraxinus a écrit:
- La première est la peur de tomber.
La peur de tomber est liée à la peur du rejet du cavalier par le cheval. (...) Peur de se faire virer, de la séparation de corps, de l'abandon. ?? Vraiment? Cette explication me semble très "psychanalytique". (en tous cas délicieusement exotique en ce qui concerne ma propre logique ) Pourquoi pas simplement la peur de se faire mal? Nous avons toute une gamme de "réflexes" visant à préserver notre intégrité physique dans toutes les situations: l'adrénaline, la douleur, la peur de se faire mal n'en sont que quelques uns. J'aurais vu les choses beaucoup plus prosaïquement comme ça. - Citation :
- La peur de se faire embarquer est liée plutôt à la peur de perdre le contrôle d'une situation.
Oui, d'ailleurs le comportement des gens dans ces situations est très révélateur de leur comportement face à la vie en général : vivent-ils dans la peur de perdre le contrôle, ont-ils l'obsession de tout contrôler en permanence, sont-ils désarmés ou au contraire en pleine possession de leurs moyens lorsqu'ils perdent effectivement le contrôle, etc... - Citation :
- Si on n'a pas de piste de galop à disposition, la mise sur le cercle ou un chemin en montée suffisamment long peuvent aussi être utile. Et pour les multi récidivistes de l'embarquement, un vieux lad m'avait conseillé de les emmener au bout de leur souffle, pour les dégouter. Je n'ai jamais eu à le tester, le fait de leur lâcher la tête est suffisant pour la plupart.
Testé, ça marche. Et ils s'en souviennent! Ben sinon, chacun fait comme il peut dans ces cas-là... pour ma part, je reprends une rêne, main haute et fixe, de sorte à ce que le cheval remonte la tête et vienne "se cogner" à chaque foulée. Dès qu'il a remonté la tête, main clouée sur le garrot. De la sorte, il ne peut trouver d'appui confortable et se retrouve en travers, donc pas en position d'user de ses forces... plus qu'à laisser faire et attendre patiemment le retour des relations diplomatiques. Ce suppose cependant de ne pas être paralysé par la peur ... mais au contraire, stimulé, et prêt à tout. Une telle aptitude n'est pas forcément innée et s'apprend. Ce fameux mental des meneurs d'hommes et des militaires que vous évoquez? |
| | | Muriel Le Mestric
Messages : 819 Date d'inscription : 01/02/2010 Age : 44 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Mer 25 Jan 2012 - 21:31 | |
| Fraxinus, cet adage d'un certain nombre de chutes pour gagner ses galons n'est qu'une lapalissade face aux accidents et aux problèmes de sécurité, problème qui risque bien de prendre des proportions titanesques dans les centres équestres aux enseignants de plus en plus mal formés. Si l'équitation est une activité qualifiée de dangereuse, pourquoi tolérer des séances à 10 débutants, sur des poneys mal éduqués et enfermés 23/24h (sauf mercredi et samedi où ils enchainent 4 heures de rame) ??? Et avec des enseignants souvent incompétents et dont la bonne volonté ne peut suffire à recadrer toutes ces incohérences et ses entorses aux plus élémentaires principes de sécurité Aux Jardins d'Akita, Christine avait compté ses chutes. Elle en a eu si peu qu'elle les a énumérées car elle se souvenait de toutes : à peine plus de 20, en environ 8500h d'enseignement. Sa cavalière qui en a le plus à elle seule en a totalisé 3, en 8 ans. Non, les chutes ne sont pas une fatalité, les accidents non plus. Il suffit de prendre les mesures adéquates et les risques inutiles disparaissent (évidemment, le risque zéro n'existe pas). - fraxinus a écrit:
- Le cavalier est un drôle d'animal. Il a bien souvent un fort caractère, un égo surdimentionné et en même temps une grande fragilité et des doutes insurmontables.
Voilà une excellente définition du masque social. Notre société est dure, alors nous ne devons pas montrer nos faiblesses et exprimer nos émotions. Etes vous d'accord avec moi que le cheval ne peut pas avoir d'ego surdimensionné ? Ni de questions existancielles provoquant le doute au fond de son âme ? Pas plus qu'il ne peux cacher ses fragilités...qu'il exprime toujours, mais qui sont souvent niées par les humains qui le cotoient, ou qui ne les voient tout simplement pas ? Si vous êtes d'accord avec moi sur 3 questions, alors nous sommes d'accord : le cheval ne peut avoir de masque social. Car c'est une drôle d'invention qu'a faite là ce drôle d'animal qu'est l'Etre humain ! - fraxinus a écrit:
- Inconsciemment il compte sur le cheval pour résoudre ses propres problèmes d'identité, ce qui l'amène à reproduire des schémas comportementaux que le cheval révèle, met en exergue et que le cavalier a bien du mal à accepter.
Autrefois l'équitation était réservée à une élite et formait des jeunes gens qui devaient devenir des meneur d'hommes et des dirigeants. Aujourd'hui avec la démocratisation, l'équitation ne servirait plus que de psychothérapie? C'est amusant, je me disais hier que j'avais souvent entendu dire que "le poney est une école de la vie". Je me suis souvent demandé ce qu'on pouvait vraiment apprendre de la Vie aux cotés d'un poney, dans un poney-club ? - La consommation (le poney est déjà prêt quand le cavalier arrive et/ou le transmet au cavalier suivant, sans lui consacrer le moindre soin...ou alors j'en ai vu désseller en 3'26" parce que les parents doivent encore aller chercher le grand frère au judo et ils sont pressés), sans parler de la "fashion victime attitude", etc... - Le rapport de force : donner de plus grands coups de talon pour avancer, voir y aller de la cravache. - La domination et le contrôle absolu : là aussi à coups de cravache, et/ou d'enrênement pour que le cheval prenne la position qu'on veut qu'il ait...de mors de plus en plus sévère à cause de sa "bouche dure". Le contrôle absolu assure la sécurité. - La pression du résultat : obtenir son Galop, gagner en concours, ou tout simplement réussir l'exercice (pour que le cheval reste sur un point positif en fin de séance...?). - La conviction que le cavalier fait bien, mais que c'est à cause du poney s'il n'y arrive pas : fréquent chez les propriétaires adeptes de l'achat/revente de poney-qui-convient-plus, mais qu'on trouve aussi chez les cavaliers de club avec les poneys de club...(voir 1er point sur la consommation) (liste non exhaustive) - fraxinus a écrit:
- Pour la maîtriser il faudrait laisser sa vie à la porte de l'écurie, ce qui me paraît difficile, la vie est un tout, de même le cheval ne laisse pas sa propre vie à la porte du manège, il est sa vie, tout comme nous.
C'est bien le mental du cavalier que s'efforçait de développer les écuyer des princes. C'est encore le mental des cavaliers que développait l'armée pour envoyer des soldats à une mort presque certaine. Aujourd'hui, du fait d'une population d'équitants mentalement plus fragile on n'entend plus parler de cette aide fabuleuse qui se développe en silence. Pourtant l'équitation a pour but la maîtrise de soi, physique et psychique, et ceci nécessite bien la maîtrise et le développement du mental du cavalier.
C'est ce qu'on apprend aux Jardins d'Akita. Et c'est à la portée de tous, même des plus fragiles ! Pour les plus fragiles, ça peut s'apparenter à une forme de thérapie. Mais nous sommes tous concernés par le développement de cette capacité, même si nous sommes "forts" (ou en tout cas ce que notre masque social nous fait croire à nous et à notre entourage, car nous avons tous nos souffrances et nos fragilités secrètes que nous ignorons parfois nous-même !). | |
| | | Muriel Le Mestric
Messages : 819 Date d'inscription : 01/02/2010 Age : 44 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Mer 25 Jan 2012 - 22:48 | |
| - fraxinus a écrit:
- Votre discussion sur les émotions et les masques est vraiment intéressante.
Les chevaux aussi peuvent revêtir un masque. N'est ce pas ce que fait le vieux routier de club ? Il se ferme aux émotions des cavaliers débutants pour ne suivre que les indications de l'enseignant. Ces chevaux là loin d'être décérébrés ou sans âme ils ont souvent une force de caractère rare qui leur a permis de s'adapter à leur métier et d'être capable de remplir leur rôle jusqu'à un âge avancé. Ils sont très précieux dans une école d'équitation. Les chevaux comme les humains sont capables de « ruminer » des émotions. Concernant les masques, je vous renvoie vers mon message précédent. Quant à ces "tontons de club", avez vous regardez leurs yeux ? - fraxinus a écrit:
- Un masque ne peut tomber que petit à petit avec la connaissance et l'acceptation de soi et des autres et les chevaux peuvent nous aider, dans le cadre d'une psychothérapie en équithérapie, ce qui n'est pas le but de l'enseignant d'équitation.
Mais inciter un ado en difficulté à tomber le masque est un travail de longue haleine qui doit être mené avec précaution pour éviter de le mettre en danger par rapport à lui même. Les masques sont utiles et ne sont pas là par hasard. Les masques peuvent mettre du temps à tomber...lorsqu'ils sont bien accrochés ! Mais un ado, par nature en crise de confiance dans un monde qui se chamboule (à commencer par son propre corps) a un masque encore bien mal accroché. Il est facile de l'enlever...mais avec moulte précautions car justement l'ado est par nature des plus fragiles justement. Il faut commencer par instaurer une relation de confiance émotionnelle fondée sur l'empathie : l'ado doit savoir qu'il ne sera pas jugé, encore moins moqué s'il se confie et quelque soit la gravité (réelle ou supposée) de sa "confession". Les masques sont par nature inutiles et néfastes car ils donnent des images fausses de ce que nous sommes réellement. Ainsi notre entourage réagit par rapport à ce qu'il perçoit de nous : les réactions de notre entourage ne peuvent donc JAMAIS être adaptées à ce que nous sommes réellement. Et nous en souffrons. Si vous voulez en savoir plus sur ces comportements et réactions inadaptés dont nous faisons tous notre ordinaire, je vous invite à lire "Jeux et Relations de Pouvoir" de Jean-Jacques Crevecœur, aux éditions Jouvence (ça ne parle absolument pas des chevaux). En vieillissant, on peut se convaincre que notre masque est notre vraie personnalité : c'est là que le masque est le plus dur à décrocher. Lorsqu'il tombe, c'est là que ça fait le plus mal car toutes les souffrances accumulées dans le dénie refont surface...mais ces souffrances sont libératrices ! Nous sommes TOUS concernés par ce masque social et ces comportements inadaptés. Apprendre à nous en passer, à le faire tomber est une leçon de l'Ecole de la Vie. Et l'équitation n'est-elle pas une Ecole de la Vie ? Ca peut donc être une des missions d'un bon enseignant de l'équitation. Ca tombe bien, le cheval est fortiche pour nous révéler notre vraie personnalité. Je ne me considère pas du tout comme thérapeute, d'ailleurs je ne m'occupe pas (ou très peu) de gens malades ou handicapés. Je n'ai jamais mis les pieds dans une fac de psycho (et lu assez peu de livres sur le sujet...voire pas du tout !). Mais lorsque l'occasion se présentera, pourquoi devrais-je me retenir d'aider quelqu'un à enlever son masque, surtout si son équitation s'en trouve améliorée ? - fraxinus a écrit:
- Les émotions ne sont ni négatives ni positives, elles aussi sont utiles quelles qu'elles soient. La médecine chinoise l'explique très bien. Pas de positif ni de négatif juste du yin et du yang pour trouver le bon équilibre et le garder.
Dans le cas de la peur, pour éviter le blocage de l'élève, l'enseignant à recours à la réflexion, la « rumination » il pratique donc la médecine chinoise en utilisant le cycle « ko ». L'enseignant pourrait aussi recourir au cycle « sheng », provoquer la colère de l'élève pour dépasser sa peur, c'est ce qui ce faisait couramment autrefois. Aujourd'hui cette pratique est considérée comme humiliante, je pense surtout qu'elle est moins constructive car le cheval risque de pâtir de la colère de l'élève. Rha la MTC...que d'enseignement avons nous à en tirer ? Bien des choses fondamentales ! Que toutes les émotions soient bonnes à prendre, je l'ai compris récemment. Mais ces histoires de cycles ko et sheng me dépassent un peu...c'est compliqué pour mon humble cerveau bien trop occidentalisé ! - Nathalie G. a écrit:
- fraxinus a écrit:
- Mais que la peur soit suivie de la colère est parfaitement normal chez un individu sain.
Oui... pour ça, je pense que certains cavaliers (même à très bon niveau) ont tant besoin d'exprimer leur agressivité, leur brutalité ou leur domination face au cheval ... sur fond de peur, je pense. C'est même ce que certains d'entre eux aiment et recherchent: dominer la peur à travers des sensations fortes et des valeurs d'agressivité et de combattivité.
Dans le fond, je les trouve profondément enchaînés à leur peur, loin de vivre en paix avec elle.
Au quotidien, tout le monde n'est pas comme ça, loin de là, mais nombreux sont les cavaliers à réagir de manière agressive quand leur cheval leur a fait peur. C'est un réflexe. D'ailleurs, c'est une réaction globale: quand une réaction précise de leur cheval leur fait peur, ils ne réagissent pas seulement par rapport à cette réaction, mais par rapport à leur peur en général! Ne pas oublier quand on a peur dans une situation précise, que notre réaction de peur ne s'enracine pas seulement dans le présent, mais aussi dans le passé et dans toutes les situations de peur qu'on a vécues, même n'ayant rien à voir avec les chevaux. (je me doute que les chevaux sentent ainsi immanquablement nos peurs et nos doutes à travers nos réactions, et à travers tous les "masques" illusoires derrière lesquels nous tenterons de les dissimuler)
Donc cette normalité n'est pas celle que je préfère ... du moins pas dans ce cadre-là! La colère est TOUJOURS l'expression d'une attente non satisfaite. Quelques exemples, pèle-mèle : 1- J'attendais de mon cheval qu'il reste calme et docile, mais il pète un cable et j'en perd le contrôle : j'ai peur...mais cette attente non satisfaite de calme et de docilité provoque la colère en moi. 2 - J'attendais de ce cheval qu'il se laisse curer les pieds. Mais il m'enlève le sabot des mains. Je m'énerve...puis me mets en colère si ça se reproduit. Ou tout de suite si je suis "dans le contrôle". 3 - Jean comptait sur Pierre pour s'occupe d'un dossier de leur association caritative. Mais Pierre vaudrait qu'on lui témoigne plus de gratitude et de reconnaissance pour son bénévolat. Comme il n'a jamais eu l'impression d'être estimé à sa juste valeur (attente non satisfaite), il est en colère et n'a pas fait ce travail. Jean est donc également en colère face à son attente insatisfaite que le travail soit fait. 4 - En conduisant, un chauffard me coupe la route et j'évite l'accident de justesse. Pfiou que j'ai eu peur ! Je suis en colère contre lui car même si ma voiture n'est pas abimée, j'attends des autres automobilistes qu'ils ne me mettent pas en danger ! 5 - On clique sur "enregistrer" mais l'ordi plante. On attendait qu'il enregistre nos 3h de travail...mais il l'a effacé : colère. 6 - Je veux prendre mon crayon pour écrire, il tombe par terre. Je le ramasse mais il me glisse des doigts et retombe. Je le re-ramasse et il re-retombe. Je me mets en colère (pas bcp, mais un peu quand même) et le prends avec énervement...car mon attente était de le prendre pour écrire...et non pour le ramasser 3 fois de suite ! 7 - Et là, il n'écrit pas : je le pète en 2 !!! Mais si on apprend à travailler sur soi et à ne pas attendre de résultat de quoi que ce soit, ni d'un cheval, ni de congénères (humains), ni d'un objet...alors aucune de ces situations n'aurait mis qui que ce soit en colère. La peur n'est donc pas forcément provocatrice de colère. A moins de considérer qu'être dans une attente d'un résultat est d'être dans le contrôle...et donc la peur est alors provoquée par la peur de perdre le contrôle...de mon crayon. Bref une même situation mettra qq'un en colère, et pas une autre personne. Ou même un individu se mettra en colère un jour et pas un autre jour, face au même évènement. La colère n'est donc pas provoquée par le cheval, autrui ou l'objet, mais par soi-même, plus précisément par notre vision de l'évènement, par notre point de vue. On peut donc ressentir la peur (qui ne dépend pas d'une attente de résultat, d'un "point de vue"), sans ressentir forcément de colère. Mais c'est un sacré travail de lâcher-prise ! - Nathalie G. a écrit:
- fraxinus a écrit:
- La première est la peur de tomber.
La peur de tomber est liée à la peur du rejet du cavalier par le cheval. (...) Peur de se faire virer, de la séparation de corps, de l'abandon. ?? Vraiment? Cette explication me semble très "psychanalytique". (en tous cas délicieusement exotique en ce qui concerne ma propre logique ) Pourquoi pas simplement la peur de se faire mal? Nous avons toute une gamme de "réflexes" visant à préserver notre intégrité physique dans toutes les situations: l'adrénaline, la douleur, la peur de se faire mal n'en sont que quelques uns. J'aurais vu les choses beaucoup plus prosaïquement comme ça.
- Citation :
- La peur de se faire embarquer est liée plutôt à la peur de perdre le contrôle d'une situation.
Oui, d'ailleurs le comportement des gens dans ces situations est très révélateur de leur comportement face à la vie en général : vivent-ils dans la peur de perdre le contrôle, ont-ils l'obsession de tout contrôler en permanence, sont-ils désarmés ou au contraire en pleine possession de leurs moyens lorsqu'ils perdent effectivement le contrôle, etc...
Sur ces 2 points je vous rejoints totalement, Nathalie G ! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 26 Jan 2012 - 12:57 | |
| Hé hé, bande de bavardes intarissables! (je me régale à vous lire et je trouve vos réflexions très très enrichissantes ) - Muriel Le Mestric a écrit:
- Si vous êtes d'accord avec moi sur 3 questions, alors nous sommes d'accord : le cheval ne peut avoir de masque social. Car c'est une drôle d'invention qu'a faite là ce drôle d'animal qu'est l'Etre humain !
Nous n'avons pas une perception assez subtile des autres animaux sociaux, pour nous apercevoir que peut-être , ils ont eux aussi leurs propres "masques sociaux"? Pour quelqu'un d'extérieur à l'humanité (ou l'intelligence différente d'un animal par exemple), on peut imaginer que la présence de nos masques sociaux soient trop subtile et difficile à déceler. Y'a des jours où je me dis qu'ils ont leurs masques à eux aussi par exemple quand je remets à sa place mon hongre en présence de ses juments ... et qu'il s'en prend aussitôt à elles pour leur montrer qui c'est le patron. Besoin de rappeler toute la hiérarchie du haut en bas de l'échelle? Ou alors ce sale gros macho n'aime pas "perdre la face" devant ses "filles"? - Citation :
- C'est amusant, je me disais hier que j'avais souvent entendu dire que "le poney est une école de la vie". Je me suis souvent demandé ce qu'on pouvait vraiment apprendre de la Vie aux cotés d'un poney, dans un poney-club ?
Cette liste est à faire frémir. (parce que c'est tellement vrai...) L'équitation n'est sans doute l'école de rien dans l'absolu... mais un bon support pour tout. Chacun (et chaque époque) y voit et y développe les valeurs qui lui sont chères. Les chevaux, eux, n'ont pas dû changer, que ce soit à l'époque des valeurs chevaleresques et de la bonne éducation, comme à notre époque consumériste et impatiente. - Citation :
- Quant à ces "tontons de club", avez vous regardez leurs yeux ?
Souvent on y lit une grande tristesse mais aussi une bonté immense capable de tout pardonner aux hommes... |
| | | Florie D
Messages : 386 Date d'inscription : 11/06/2010 Age : 38 Localisation : Finistère
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 26 Jan 2012 - 13:49 | |
| Je me régale à vous lire! Pour ma part, j'ai toujours eu peur avec les chevaux. Peur de tomber, peur du cheval qui "pète en l'air" (fréquent quand on débute en RP ou les chevaux ne vont jamais dehors...), peur d'avoir peur, peur de prendre un coup de pied, peur de sauter haut... Jamais cette peur n'a été insurmontable. J'ai souvent eu des enseignants gueulards qui m'ont poussé dans mes limites et même si cette méthode est discutable, humainement et dans mon quotidien cela m'a fait un bien fou: être capable de dépasser ma peur et voir les progrès accomplis au fil des années m'a donné une meilleure confiance en moi et la "niaque". Je pense même que sans cette peur à vaincre je n'aurais peut-être pas autant accroché à l'équitation... A l'obtention de mon diplome j'ai découvert une nouvelle peur, bien plus difficile à apprivoiser celle-là: générée par le sentiment de ne plus avoir le droit à l'erreur, étant passée "de l'autre côté": la peur de mal faire, et surtout du regard de l'autre. Plusieurs éléments sont intervenus pour génerer ce blocage, car il s'agit bien d'un blocage: enseignant méprisant et non pédagogue qui m'a démoli moralement en a peine 3 séances, nouveau cheval, jeune qui plus est... Me voilà incapable de regarder une croix de 50cm sans trembler des pieds à la tête, et même plus du tout envie de monter à cheval, et un fort sentiment d'imposture le peu de fois où j'ai fait cours à des cavaliers confirmés. Plus ou moins livrée à moi-même et loin de l'émulsion du groupe et de l'enseignant derrière moi qui me motivait, j'ai arrêté de chercher à me dépasser. Au stade où j'en étais il s'agissait d'abord de reprendre plaisir à des choses simples, ce qui ne l'a pas été (simple). Je n'ai pas dépassé cette peur, je l'ai contournée. J'ai arrêté l'obstacle presque complètement, j'ai longtemps monté mon cheval quand il n'y avait personne, et je n'ai fait que du débutant au galop 4 pendant 1an et demi. Aujourd'hui je quitte le club où j'ai travaillé et je ne pense pas reprendre l'enseignement. Pas tout de suite en tous cas. Je ne veux plus être cantonnée aux shetlands avec l'étiquette de "sous-moniteurs" (même si on sait que les moniteurs poney ont autant sinon plus de mérites que les autres, c'est quand même bien plus de boulot et de responsabilité, ne serais-ce que vis-à vis des parents qui nous confient leurs marmots), et je ne me vois pas postuler pour un poste avec des cours plus technique avec le bagage que je traine: mon ego n'est pas sorti indemne de cette situation d'évitement, moi qui avait déja un gros problème de manque de confiance en moi... Je pense donc pouvoir à nouveau progresser en redevenant cliente, sortie de cette pression que me colle l'étiquette de professionnel. Sans doute n'étais-je pas prête, j'ai pourtant 5ans de formations derrière moi. Je pense revenir à la profession dans quelques années par un autre biais: équitation éthologique, développement personnel via le cheval? D'ici là il faudra que je règle mes problèmes avec moi même, pour ne pas refaire la même erreur. Je ne prend toutefois pas cette situation comme un échec total, je tire des conclusions de mes expériences. Cette façon d'enseigner ne convient plus à mon état d'esprit actuel et à ma vision du cheval, et c'est cette situation qui ne me convenait pas qui m'a permis d'avancer, et de chercher d'autres clefs. Désolée si mon intervention est un peu hors sujet mais je pense qu'elle a sa place ici, si ce n'est pas le cas merci de la déplacer | |
| | | Muriel Le Mestric
Messages : 819 Date d'inscription : 01/02/2010 Age : 44 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 26 Jan 2012 - 14:10 | |
| je trouve au contraire que ton récit à toute sa place ici. C'est l'histoire d'une monitrice pourtant motivée (5 ans de formation, avec tous les pb que je t'ai connu), de bonne volonté et pleine de (bonnes) questions. Mais qui arrête son métier qu'elle a pourtant choisi par passion, à cause de ses peurs, nombreuses et diverses : personne ne t'a appris à les gérer vraiment efficacement, et même, certaines personnes te les ont aggravées... Je me souviens des stat que Gildas nous avait annoncé en début de formation. Ces stat sont bien inquiètantes...mais pourtant tout le monde semblent les trouvées normales ! Comme une fatalité incontournable. Pourquoi la moitié des titulaires du BPJEPS n'enseigneront jamais ? Pourquoi parmi ceux qui enseignent, leur "durée de vie" est de 5 ans en moyenne ? Pour de très nombreuses raisons. Tu as expérimenté certaines à tes dépends. Je vois tout de même que tu ne perds pas totalement courage, et que tu n'abandonnes pas totalement ta passion (j'en ai connu qui en ont vendu leur cheval et arrêté l'équitation, apparemment définitivement). Si tu restes positive, ouverte et tolérante face aux difficultés, tu ne pourras que mieux saisir ta chance pour remonter la pente ! | |
| | | zabot29
Messages : 255 Date d'inscription : 15/12/2011
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 26 Jan 2012 - 20:55 | |
| Je trouve déjà courageux de ta part d'accepter d'exposer ainsi tes doutes et tes peurs ...ce n'est pas évident . On a beaucoup parlé des peurs de l'élève , mais les enseignants peuvent aussi avoir des doutes et craindre de se sentir jugé ( j'en connais pour ma part un certain nombre dans mon milieu..) Accepter ses failles personnelles et sentir la nécessité de se remettre en question, c'est déjà un gros pas en avant ... Faire une pause pour prendre du recul et retrouver la confiance en toi , éprouver d'autres approches, car tu sens bien que ce que tu as vécu ne correspond pas à ce que tu attends (tu n'es pas tombée dans le meilleur des mondes, faut le reconnaître) , est sûrement une bonne chose . Retrouver du plaisir à travailler avec ton gentil cheval, entre-autres par une approche éthologique ( pour moi, ça a été une très bonne chose pour développer une autre relation, même si je ne suis pas une inconditionnelle - je ne prends que ce qui m'intéresse parmi les différentes méthodes -) ne peut qu'être bénéfique.. Tout le mal que je te souhaite, c'est de rencontrer d'autres personnes, qui te redonneront l'envie et le plaisir de te dépasser, et peut-être d'enseigner !!
| |
| | | fraxinus
Messages : 1079 Date d'inscription : 01/08/2011
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Sam 28 Jan 2012 - 19:00 | |
| - NathalieG a écrit:
- Ne pas oublier quand on a peur dans une situation précise, que notre réaction de peur ne s'enracine pas seulement dans le présent, mais aussi dans le passé et dans toutes les situations de peur qu'on a vécues, même n'ayant rien à voir avec les chevaux.
- Muriel Le Mestric a écrit:
- On craint de perdre l'amitié du cheval.
La "peur du rejet" est une autre peur viscéralement ancrée dans notre petite enfance : à cet âge, être rejeté, abandonné est synonyme de mort. Donc la "peur du rejet" peut être chez certaines personnes une terreur viscérale (à divers degré)...même à l'âge adulte, et même avec un simple cheval. - NathalieG a écrit:
- fraxinus a écrit:
- La première est la peur de tomber.
La peur de tomber est liée à la peur du rejet du cavalier par le cheval. (...) Peur de se faire virer, de la séparation de corps, de l'abandon. ?? Vraiment? Cette explication me semble très "psychanalytique". (en tous cas délicieusement exotique en ce qui concerne ma propre logique ) Suite à vos différentes interventions sur le sujet , je m'étonne que vous trouviez mon raisonnement exotique, ceci dit cela me plaît beaucoup d'apporter une touche d'exotisme à notre discussion. - NathalieG a écrit:
- Oui... pour ça, je pense que certains cavaliers (même à très bon niveau) ont tant besoin d'exprimer leur agressivité, leur brutalité ou leur domination face au cheval ... sur fond de peur, je pense.
C'est même ce que certains d'entre eux aiment et recherchent: dominer la peur à travers des sensations fortes et des valeurs d'agressivité et de combattivité.
Dans le fond, je les trouve profondément enchaînés à leur peur, loin de vivre en paix avec elle. Je plussoie, je me demande même s'ils ne sont pas accros à l'adrénaline. Mais dans ce cas ils devraient savoir qu'avec l'adrénaline les cas de « bad trip » sont très nombreux. - Muriel Le Mestric a écrit:
- fraxinus a écrit:
- Le cavalier est un drôle d'animal. Il a bien souvent un fort caractère, un égo surdimentionné et en même temps une grande fragilité et des doutes insurmontables.
Voilà une excellente définition du masque social. Notre société est dure, alors nous ne devons pas montrer nos faiblesses et exprimer nos émotions. Etes vous d'accord avec moi que le cheval ne peut pas avoir d'ego surdimensionné ? Ni de questions existancielles provoquant le doute au fond de son âme ? Pas plus qu'il ne peux cacher ses fragilités...qu'il exprime toujours, mais qui sont souvent niées par les humains qui le cotoient, ou qui ne les voient tout simplement pas ? Si vous êtes d'accord avec moi sur 3 questions, alors nous sommes d'accord : le cheval ne peut avoir de masque social. Car c'est une drôle d'invention qu'a faite là ce drôle d'animal qu'est l'Etre humain ! Si j'étais d'accord avec vous il n'y aurait plus de discussion , donc je ne peux malheureusement être d'accord sur toutes vos affirmations. Ma définition du cavalier n'est pas une définition du masque social mais de la personnalité intrinsèque du cavalier. Elle paraît contradictoire mais mon expérience professionnelle m'a montré que l'être vivant n'est ni tout noir ni tout blanc mais d'une infinie nuance de gris colorés. La vie serait trop ennuyeuse sans variation de couleur. J'ai également cru remarquer que , bien souvent la force d'un être est inversement proportionnelle à sa faiblesse, ceci est valable du psychopathe au sociopathe en passant par toutes les nuances (encore mais j'aime trop la couleur) de la normalité. Pour les chevaux , j'ai été amenée à côtoyer de très forts égos même des égos surdimentionnés (ce qui n'est nullement péjoratif). Comme les humains ces personnalités sont impressionnantes et leur fragilité est elle aussi très grande s'ils veulent bien la révéler; ce qui arrive souvent quand on si attend le moins. De même certains chevaux sont saisis de doute qui peuvent mettre leur existence en jeu. Les fleurs de Bach ne leur serviraient à rien et elles sont pourtant très efficaces sur les chevaux. Mais comme vous le dites si bien ces états d'âme passent souvent inaperçus aux yeux des humains. - Muriel Le Mestric a écrit:
- La peur n'est donc pas forcément provocatrice de colère. A moins de considérer qu'être dans une attente d'un résultat est d'être dans le contrôle...et donc la peur est alors provoquée par la peur de perdre le contrôle...de mon crayon.
La peur n'est pas forcément provocatrice de colère, mais la colère aide à ne pas rester bloquer sur la peur. D'ailleurs dans la liste des exemples que vous donnez la peur n'est jamais loin. Dans notre société certaines émotions sont jugées négatives, la peur et la colère en font partie mais la colère est certainement la plus récriée; ce qui provoque la peur, non pas de perdre le contrôle... du crayon, mais de soi. La colère m'est personnellement très utile...pour fendre mon bois. - Muriel Le Mestric a écrit:
- C'est amusant, je me disais hier que j'avais souvent entendu dire que "le poney est une école de la vie". Je me suis souvent demandé ce qu'on pouvait vraiment apprendre de la Vie aux cotés d'un poney, dans un poney-club ?
Je suis atterrée par votre description des poney-clubs. Nous n'avons pas fréquenté les mêmes établissements. Au risque de vous paraître très dure, je dirais: que font les enseignants de vos poney-club? Dans certains établissements les enfants apprennent le respect de l'autre , la maîtrise de soi, l'obéissance aux règles, le goût de l'effort, de la persévérance, de la tolérance, la remise en question ect...ma dernière expérience remonte à 5 ans et pas au précambrien. - Florie D a écrit:
- Je ne veux plus être cantonnée aux shetlands avec l'étiquette de "sous-moniteurs" (même si on sait que les moniteurs poney ont autant sinon plus de mérites que les autres, c'est quand même bien plus de boulot et de responsabilité, ne serais-ce que vis-à vis des parents qui nous confient leurs marmots)
Un moniteur poney est très loin d'être un sous moniteur. En plus de tous les arguments forts justes que vous énoncez , on ne met jamais assez en avant l'effort d'adaptation que doit faire ce moniteur à ses jeunes , très jeunes élèves; on ne parle pas à un enfant comme à un adulte du point de vue du vocabulaire employé comme du point de vue psychologique. Leur spontanéité et leur fraicheur oblige l'enseignant à justifier, expliquer, rester cohérent, patient, et à joindre l'exemple à la parole. Mon instructeur disait que sont pire cauchemar était l'indisponibilité imprévue de la monitrice poney. Il se disait paumé avec les petits et ces s***** de shets qui n'obéissaient qu'à elle. C'est un métier à part entière. La monitrice poney par contre pouvait le remplacer au pied levé sans problèmes notoires. Un prof de collège serait paumé au cours préparatoire, mais une instit de CP le serait moins au collège, j'en veux pour preuve que des remplaçants instits se retrouvent parfois au collège mais jamais l'inverse. Merci pour votre témoignage Florie D et votre courage de vous dévoiler ainsi comme l'a souligné Zabot29. La peur d'avoir peur, voilà une peur bien réelle que nous avons oublié dans notre énumération, serait-ce celle -ci qui nous noue les tripes avant de monter à cheval, ou les relâche trop brutalement selon les personnes? Et elles sont nombreuses et de tout niveau, celles qui sont dans ce cas. Vous n'imaginez pas les confidences que peut recueillir un groom silencieux ombre parmi les ombres d'une écurie. La peur de l'enseignant face à ses responsabilités est légitime, ce serait un parfait inconscient sinon, et ne peut s'atténuer qu'avec l'expérience. Mais , il me semble qu'il est du devoir des formateurs de faire en sorte que cette peur soit acceptée et tolérable. Si ce n'est pas le cas il serait temps que ces même formateurs remettent en question leur pédagogie et leur pratique. Vous n'êtes pas responsable de cette peur, en aucun cas. Je ne comprends pas que les statistiques citées par Muriel Le Mestric soient acceptées comme un fait incontournable sans plus interpeller les formateurs. D'un point de vue purement pragmatique, que de temps, d'énergie, d'argent gaspillé si une grande partie des jeunes quittent la profession au bout de 5 ans! On consomme du jeune et on le jette et ensuite on se plaint que la profession est dévalorisée: ceci devrait vous mettre en colère, ou suis je la seule à être en pétard face à cette situation? Vous avez très bien analysé votre situation Florie D et trouvé des solutions. C'est une bonne idée de vous mettre en retrait par rapport à une situation qui vous est devenue intolérable. Votre idée de rester dans le circuit en tant que cliente est excellente. Elle pourra vous permettre de progresser dans votre pratique de l'équitation tout en exerçant votre sagacité sur la façon d'enseigner de vos collègues. Le client est roi, profitez en, en tant que cliente anonyme, questionnez, décortiquez, analysez leur pratique et gardez en le meilleur. Cela peut être utile lorsque vous reviendrez à la profession car vous y reviendrez n'est ce pas? Vos épreuves et votre empathie seront très utiles et appréciés de vos futurs élèves j'en suis sûre. Vous dites qu'il faut que vous réglez vos problèmes avec vous même et que avez tiré des conclusions de votre expérience; vous avez fait la plus grande partie du travail. Bernard Chiris dans son livre: « s'épanouir à cheval » édition Belin donne des étapes d'un chemin de connaissance de soi: s'observer, comprendre, accepter, changer, évoluer. Vous en êtes à « changer » et vous avez des projets pour « évoluer ». Vous êtes sur la bonne voie et avez déjà parcouru la plus grande partie du chemin. Vous relevez une des causes sinon la principale de la peur: la confiance en soi. (Décidément quand les professionnelles prennent la parole, elles ont vraiment des choses intéressantes à dire contrairement à certaines bavardes qui noient leur auditoire sous une logorrhée verbale comme une certaine fraxinus. ) « La confiance en soi est le corollaire de l'estime de soi. Les deux sont liés. Une bonne estime de soi donne une grande confiance en soi, des choix plus faciles,des prises de décisions plus claires, un positionnement mental ferme. » Bernard Chiris in « S'épanouir à cheval » Belin p 103 C'est là que l'enseignant me paraît indispensable mais comment un élève enseignant qui subit une formation telle que vous la décrivez pourra développer l'estime de soi de ses élèves alors que ces propres formateurs ont détruit le sienne? | |
| | | fraxinus
Messages : 1079 Date d'inscription : 01/08/2011
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Mar 7 Fév 2012 - 14:14 | |
| J'ai eu l'occasion de monter en cours particuliers avec une enseignante de valeur et pourtant je sortais de ses cours mal à l'aise et, au fur et à mesure des séances, de nouvelles peurs apparaissaient et mes peurs plus anciennes (peur du galop, du saut) ont resurgi. Ce n'est qu'avec le recul que j'ai compris ce qui n'allait pas. Cette enseignante avait pour souci principal de préserver le cheval, elle mettait l'accent sur le bien être et le respect du cheval , le travail dans le calme, la décontraction et corrigeait la position du cavalier pour obtenir de sa part des actions claires justes et précises pour une meilleure communication avec le cheval. Elle expliquait très clairement les causes , les effets, le pourquoi , le comment de ses interventions. Elle restait calme, laissait le temps de réfléchir de s'adapter à sa demande, et reprenait avec patience avec un langage différent si nécessaire et un bilan en fin de séance. Elle citait également des erreurs qu'elle avait, elle même ou d'autres, commises, pour me montrer que tout le monde peut se tromper. C'était parfait pour progresser ; alors me direz-vous qu'est ce qui n'allait pas? Plus je montais avec elle plus j'avais peur de mal faire et au bout d'une dizaine de séances j'étais paralysée à cheval, je ne savais plus rien faire du tout, plus de sensations plus de communication avec le cheval, plus rien. Je ne savais même plus comment monter sur le cheval. Je savais par contre très bien ce que je ne devais pas faire, mais absolument plus ce que je devais faire. En y repensant plus tard je me suis souvenue que toutes ses remarques , en dehors de l'énoncé de l'exercice à exécuter, étaient des phrases grammaticalement négatives: « ne fais pas ceci, ton cheval ne fait pas parce que tu ne fais pas, non ton tracé n'est pas exact, l'attitude de ton cheval n'est pas assez basse, n'est pas haute, il ne devrait pas être aussi ouvert, il n'engage pas, il n'est pas dans l'impulsion, il n'est pas heureux là, ne lui fais pas mal.... Les exemples qu'elle me citait étaient formulés de la même façon. Ses remarques étaient toujours justes mais formulées négativement. Les exercices correctement exécutés était « récompensés » par son silence, mais comme son silence me servait également à réfléchir à ce qu'elle avait dit, je commençais par me corriger et je finissais par en faire trop ce qui entraînait immanquablement des remarques négatives. Le cercle vicieux. Je régressais. Je culpabilisais de mal faire, j'avais peur de mal faire. Je regrette par dessus tout de ne pas avoir compris à ce moment là ce qui n'allait pas dans notre relation, j'arrêtais les cours sans explication valable. C'est le livre de Catherine Saublens qui a fait resurgir ce souvenir: « la positive attitude de l'hyppomotricien » « positif est le maître mot, jusqu'au bout des doigts, dans la parole et dans l'attitude. » Catherine Saublens: l'association de la psychomotricité et du poney... Une aventure extraordinaire! P40. Ceci est valable pour les enfants mais s'applique à tous chevaux et cavaliers de tout âge. Un dresseur de compétition avait trouvé un moyen très discret de récompenser son cheval en reprise de concours: la caresse russe. « Sergei Filatov, au trot passagé, sans perdre le contact avec la bouche, ouvrit le majeur de sa main droite pour gratter affectueusement le garrot de son cheval. Deux petites décontractions de la mâchoire remercièrent de la savoureuse récompense. On partit au galop, changement de pied aux deux temps sur un grand cercle dont j'étais le centre, pour bien voir les incessants gtatouillis du majeur droit ou gauche, qui approuvait la généreuse soumission du futur médaillé d'or. » Pierre Chambry Allures et sentiment Maloine p216. Mais je m'égare, comme d'habitude. La confiance en soi du cavalier pour diminuer la peur. Nombre de cavaliers, enseignants ou non estiment que seules les critiques (commentaires négatifs) permettent de progresser. Ceci est très juste, le regard extérieur permet de mieux apprécier les erreurs commises souvent inconsciemment. Un cavalier conscient de sa juste valeur jugera ces critiques pour ce qu'elles sont c'est à dire constructives, elles n'altèreront ni son estime de soi ni sa confiance en soi. Mais pour tous les autres , les plus nombreux, dont les problèmes révèlent des carences d'estime et de confiance en soi, l'attitude positive, les tournures de phrases positives qui permettent de savoir ce qu'il faut faire, ce qu'il faut sentir et ressentir, comment et quand agir, qui traduise l'attitude juste du cheval: « Oui là il est bien , tu sens comment il est? C'est ça que tu dois trouver à chaque fois que tu demandes », sont bien plus utiles. Savoir ce qu'il ne faut pas faire, n'est pas à passer sous silence, mais insister sur les points positifs aide bien plus sûrement le cavalier à agir correctement et à ressentir; ce qui l'amènera à l'autonomie car c'est le but de tout enseignement n'est ce pas? Enfin, il me semble que c'est la seule attitude qui permette de développer l'estime de soi et la confiance en soi du cavalier. C'est ce que m'ont appris ces enfants qualifiés souvent de sauvageons ou de délinquants avec lesquels j'ai travaillé. | |
| | | yveskatz
Messages : 2205 Date d'inscription : 02/02/2010 Age : 77 Localisation : seine et marne
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Mar 7 Fév 2012 - 16:00 | |
| Je suis un peu quelque part le profil que décrit Fraxinus de l'enseignant...Je ne félicite que rarement(mais je me soigne!) estimant que ce qui est bien n'a pas besoin d'être "trop mis en avant".Mais j'ai pour excuse que je préviens les élèves de ma manière d'être et de faire......... Et mes élèves m'incitent à changer ma manière de les conseiller, car , bien souvent, ils copient leur enseignant et oublient alors de récompenser leurs chevaux quand ces derniers ont une réponse correcte...............Et je leur fait comprendre que s'ils veulent savoir quand ils font bien, il faut qu'ils sachent le faire comprendre à leurs chevaux..............Vous me répondrez que, pour qu'ils félicitent leur cheval, il faut qu'il aient la notion de la chose bien exécutée(notion ressenti dans tout leur corps). C'est exact; je leur explique quand et pourquoi c'est bien; à eux ensuite de passer le message à leur cheval quand cela se reproduit.........dans la négative,je punis.................. Mais nous sortons là du sujet de la peur, sauf à penser que le cavalier a peur de se tromper dans ses récompenses................ | |
| | | fraxinus
Messages : 1079 Date d'inscription : 01/08/2011
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Mer 8 Fév 2012 - 16:03 | |
| - yveskatz a écrit:
- Je suis un peu quelque part le profil que décrit Fraxinus de l'enseignant.
Si vous récompensez peu vous n'utilisez pas de tournure de phrase négative, vous avez l'air plutôt affirmatif, enfin sur le forum. - yveskatz a écrit:
- estimant que ce qui est bien n'a pas besoin d'être "trop mis en avant",
voilà qui est intéressant et mériterai approfondissement - yveskatz a écrit:
- ils copient leur enseignant
C'est le plus gros travers des élèves, et fait des enseignants des modèles et des exemples parfois malgré eux. - yveskatz a écrit:
- dans la négative,je punis..................
je soupçonne une remarque machiste donc je ne relève pas - yveskatz a écrit:
- Mais nous sortons là du sujet de la peur, sauf à penser que le cavalier a peur de se tromper dans ses récompenses
C'est une peur qui existe car certains cavaliers ont peur de récompenser les « mauvaises actions » du cheval et de mal l'éduquer, ou encore peur de récompenser tout court, en pensant que par exemple: « le sucre rend le cheval mordeur ». Difficile d'être hors sujet avec la peur, car comme toutes émotions elle peut se présenter dans des situations si variées. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 9 Fév 2012 - 10:01 | |
| - fraxinus a écrit:
- C'est une peur qui existe car certains cavaliers ont peur de récompenser les « mauvaises actions » du cheval et de mal l'éduquer, ou encore peur de récompenser tout court, en pensant que par exemple: « le sucre rend le cheval mordeur ».
Oui, tout à fait, la peur de mal faire est source d'inhibition pour l'apprenti cavalier. Elle insinue le doute partout, et il devient assez difficile d'apprendre lorsqu'on doute de soi-même et de ces gestes que l'on essaie d'assimiler. (c'est mon gros travers, que je connais bien à défaut de le soigner pour l'instant ) Donc les bestioles dans mon genre sont plus à l'aise avec un enseignant très patient et très positif , qui corrigera le moins possible et montrera beaucoup. Quoiqu'appréciant qu'on me corrige quand je me trompe, j'assimile mieux et j'ai moins peur quand on me montre comment faire (positif) que quand on me corrige (négatif). (et paf, de Charybde en Scylla, on retombe dans le défaut de vouloir imiter le professeur ) Est-ce la même chose pour la peur de tomber ou de perdre le contrôle, que pour la peur de mal faire? L'inhibition est une ennemie redoutable quand on a peur... tiens, j'y songe: les pony games ne sont sans doute pas nés seulement pour s'amuser? On se désinhibe: on joue, on oublie momentanément sa position pas forcément très académique , et on se retrouve à galoper pour rattraper l'adversaire en oubliant qu'on a peur au galop... |
| | | Muriel Le Mestric
Messages : 819 Date d'inscription : 01/02/2010 Age : 44 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Jeu 9 Fév 2012 - 15:37 | |
| Prendre l'enseignant en exemple est inéluctable puisqu'il est sensé montrer l'exemple. Il enseigne ce qu'il sait faire et de la façon dont il le fait (sauf spécialistes du "faites ce que je dis, pas ce que je fais") Je ne sais plus qui me disait... En voyant ses nouveaux cavaliers, ils savaient qui leur avait enseigné auparavant, juste en les regardant monter. Il expliquait que tel instructeur avait des élèves très redressés dans leur dos, tel autre avait des élèves aux jambes particulièrement descendues, etc... Chaque enseignant estime que tel point est plus important et insiste auprès de ses élèves pour qu'il soit respecté. Il n'y a là rien de choquant, c'est au contraire parfaitement normal. Ces cavaliers montaient comme leur enseignant...qui avait donc laissé un peu sa "patte", comme une marque de fabrique involontaire et inconsciente, en l'occurrence plutôt flatteuse. Mais le contraire est aussi valable lorsque j'ai entendu un dirigeant de centre équestre dire "si un jeune cavalier est violent avec les chevaux, c'est que son moniteur est également violent avec les chevaux..." Par la suite, chacun évolue et ajoute sa propre "patte" par dessus celle de son maître. Yves, je plussoie Fraxinus concernant votre point de vue : ce qui est bien n'a pas besoin d'être "trop mis en avant" Que pourrait-il se passer si vous mettez "trop en avant" ce qui est bien ? De quoi avez vous peur ? Quant à la récompense, je connais des cavaliers qui estiment que le cheval ne doit pas travailler pour le susucre, ni même pour la caresse, mais parce qu'on le lui demande. Ils sont horripilés de voir un cheval attendre, voire réclamer sa friandise après avoir exécuter un exercice. Y en a-t-il sur le forum ? Mes poneys tendent l'encolure lorsque je les félicite de la voix (à pied). Quand je m'en suis rendue compte cet été, j'étais mdr !!! C'était un jour où je leur apprenais un truc nouveau (je ne sais plus quoi, peu importe) : pour faciliter leur apprentissage, j'avais des confetti de carottes dans mes poches. C'est là que j'ai constaté qu'au lieu de tourner la tête pour prendre leur bout, ils tendaient l'encolure. Comme ils remarquaient que la carresse ne venait pas, il voyaient que je leur offrais une friandise, ils la prenaient...et retendaient l'encolure : morbleu, la gratouille est devenu un acquis syndical pour eux !!! Pour en revenir aux effets de la peur, elle est très souvent annihilante, quelle que soit la peur. Elle fait souvent perdre tous ses moyens (même si ce n'est pas une règle absolue, forcément, la peur peut aussi souvent nous bouster). Pour s'en défaire, le cerveau reptilien doit vivre la situation en expérimentant le danger supposé, et constaté qu'il ne s'est pas réalisé : - soit en plaçant l'attention sur autre chose : le chat ronronnant, le but du jeu, etc...on contourne le pb par une diversion. Et ça marche souvent, dans les cas bénins. - soit en passant par le constat objectif sensoriel (le cheval est calme, docile et gentil, le moniteur le tient en longe) ; vivre la peur dans ses sensations et la mettre face à la situation présente est plus efficace pour les cas les plus graves. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Ven 10 Fév 2012 - 9:43 | |
| - Muriel Le Mestric a écrit:
- Ils sont horripilés de voir un cheval attendre, voire réclamer sa friandise après avoir exécuter un exercice. Y en a-t-il sur le forum ?
Oui... j'ai horreur des chevaux qui s'arrêtent d'eux-mêmes après un exercice pour mendier un sucre! Je préfère garder l'initiative des récompenses comme des demandes. En plus, cela nuit à la concentration et à l'ambiance de travail: le cheval ne pense plus qu'au sucre, et plus du tout à ce qu'on lui demande de faire... en tous cas, le mien: il sort la totale du "grand n'importe quoi" (pas de côté, flexions, etc., déballés n'importe comment), qu'on lui ait demandé ou pas, pour mendier des sucres, choper mes manches de veste, etc.: c'est impossible de travailler ainsi! - Citation :
- Pour s'en défaire, le cerveau reptilien doit vivre la situation en expérimentant le danger supposé, et constaté qu'il ne s'est pas réalisé :
Il y a une autre méthode, qui semble très efficace: celle des cartoons américains, qui ont été étudiés au départ non pour les enfants mais pour les militaires! Ces dessins animés sont à la fois très drôles et très violents: les personnages se tapent férocement dessus, chutent dans des ravins, se prennent des gamelles monumentales, y'a des armes et la dynamite à foison... mais ils ne meurent jamais et s'en relèvent toujours: c'est jouissif et hilarant, on n'a pas peur bien sûr. Et en fait, ces dessins animés ont été inventés pour dédramatiser la peur des soldats d'aller au combat... J'en ai fait l'expérience sans le savoir, en m'apercevant que ma phobie des araignées s'était étonnamment atténuée ben je venais de me faire l'intégrale de Minuscule (excellente série d'animation avec les insectes et autres bébêtes): certaines araignées ne me font plus peur, je les revois dans Minuscule et elles me font rire maintenant! Donc pour la peur à cheval: trouver des cartoons avec des chevaux? Ressortir ces bons vieux Thelwell? Se faire une cure de DVD des plus belles gamelles à cheval? |
| | | Muriel Le Mestric
Messages : 819 Date d'inscription : 01/02/2010 Age : 44 Localisation : Morbihan
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Ven 10 Fév 2012 - 20:58 | |
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| | | yveskatz
Messages : 2205 Date d'inscription : 02/02/2010 Age : 77 Localisation : seine et marne
| Sujet: Re: Peur ! certes mais de quoi? Sam 11 Fév 2012 - 8:42 | |
| Yves, je plussoie Fraxinus concernant votre point de vue : ce qui est bien n'a pas besoin d'être "trop mis en avant" Que pourrait-il se passer si vous mettez "trop en avant" ce qui est bien ? De quoi avez vous peur ? dixit Muriel......... Je tiens à préciser que même si certaines âmes chagrines s'amusent à remplacer le cheval par un élève et le texte par un autre, je ne m'identifie nullement à celui qui est derrière le mégaphone....... Pour répondre à la question de Muriel, je n'ai peur de rien.mais, il est évident que l'on fait trop vite croire que tout est là, tout de suite... Donc plus aucune notion d'effort, plus vraiment d'envie de progresser.............C'est par opposition à cette manière de faire que je récompense peu et que j'insiste sur ce qu'il y a à améliorer...car le but qu'est la complicité intime entre le cheval et le cavalier est une longue et "dure " quête............... quand aux récompenses que j'offre au cheval pour un exercice bien exécuté, c'est un petit gratouillis discret sur le garrot, comme se le font entre eux deux chevaux......puis ensuite une tonne de carottes ou de pommes de retour au boxe................... PS pour Muriel: tu est une des rares enseignantes qui continuent à participer aux échanges d'Educaval... La newsletter envoyé aux enseignants y a quelques semaines t'est-elle parvenue?Je n'en ai eu aucun retour et m'en étonne......... | |
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