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DU REGARD EN ÉQUITATION

INITIATION DU CHEVAL A L’ÉQUITATION

15 siècles avant notre ère, 10 siècles avant Xénophon, furent gravées les tablettes de KIKKULI, premier ouvrage identifié donnant des consignes pour l’éducation des chevaux.

Il y a donc maintenant quelques siècles que l’homme et le cheval se côtoient intimement dans tous les actes de la vie de l’homme. Recherché au départ pour l’alimentation de l’humain, il devint ensuite outil de traction, puis de transport et compagnon de guerre. Il est aujourd’hui intimement lié à l’homme au travers des loisirs. Et malgré cette collaboration, et bien que le cheval ait aujourd’hui des relations plus intimes avec l’homme ; et que l’homme apporte plus d’attention au bien être du cheval, ils ne sont toujours pas faits pour vivre l’un sur l’autre, l’un sous l'autre.

Car la domestication, la génétique de la reproduction n’ont pas su modifier les caractéristiques fondamentales du cheval : il reste un herbivore, sans défense, à l’écoute de tout ce qui l’entoure, prêt à fuir à la moindre anomalie ; Son modèle n’est pas fait pour porter naturellement une charge.

Toutes ces considérations peuvent aisément se confirmer par ce que l’on peut voir autour de soi : un cheval en liberté dans sa pâture fait preuve de souplesse, de vélocité, d’agilité. Et souvent, dans les premiers temps sous la selle, le même animal devient lent dans ses gestes, emprunté, lourd... Dans beaucoup de pays où le cheval est encore un élément important et utilitaire, on remarquera que les chevaux ont une locomotion sur les épaules, ce qui se traduit par des allures étriquées, des dos raides et un déséquilibre permanent (aggravé par la surcharge importante que représente l’homme, nombre de chevaux étant de petite taille... voir les pays de l’est, proches de l’Asie).

De cela, nous pouvons déduire que si nous désirons garder au cheval ses qualités innées de la locomotion, il va falloir lui donner une gymnastique qui lui facilite le fait de porter le cavalier. .

LES MUSCLES ESSENTIELS

Nous ne présentons que la musculation élémentaire du cheval pour que le cavalier comprenne mieux les exercices qu’il demandera à son cheval. Notre but est de faire accepter au cheval le poids du cavalier dans la décontraction et en utilisant le moins de masses musculaires possibles. Moins le cheval fera participer de muscles pour supporter le poids du cavalier, plus il y aura de muscles libres qui pourront assurer leurs fonctions originelles et redonner au cheval grâce et naturel.

Ainsi assouplies et décontractées, les masses musculaires pourront se développer, ce qui préparera le cheval à aborder dans les meilleures conditions possibles son “travail” de cheval de selle ou de compétition.

 

Les muscles de l'encolure

1. sterno-céphalique, fléchisseur de la tête

2. mastoido-humeral, fléchisseur de la tête

3.splénius complexus, extenseur de l’encolure

4. angulaire de l’épaule, extenseur de l’encolure

Muscles dorsaux et ventraux

1. ilio-spinaux

2. psoas

3.abdominaux

4. transversaires épineux

Le poids du cavalier entraîne une surcharge du pont vertébral, surtout manifeste dans sa partie antérieure, plus mobile que la partie postérieure. Cette surcharge provoque un excès de pression verticale, de poussée et de traction horizontale. Pour neutraliser ces forces, le cheval renforce la tension supérieure et inférieure du pont. Il prend alors une attitude, loin d’être naturelle, qui diffère selon les muscles employés pour rigidifier le dos. Cette attitude se traduit, entre autres, par un port particulier de l’encolure, le plus fréquent étant celui de l’encolure renversée.

 

ATTITUDE 1

Attitude 1

Ce port de l’encolure est fréquent chez un cheval long, avec généralement un dos faible.

Cette attitude est conditionnée par la contraction tonique des muscles cervicaux supérieurs (en vert) fortement raccourcis. De ce fait, les muscles cervicaux inférieurs sont allongés et plus ou moins contractés.

Splénius et complexus raccourcis redressent et tirent vers l’avant les apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales.

La base d’encolure s’affaisse ; l’angulaire est allongé par la bascule du sommet du scapulum vers l’arrière sous la traction du grand dentelé qui se laisse distendre par l’affaissement du tronc entre les épaules.

Les dorsaux contractés étendent le rachis et provoque un « ensellement du dos ».

Cette extension du dos gagne l’articulation lombo-sacrée et provoque l’enfoncement du rein.

Les muscles du tronc sont sous une contraction presque générale, ce qui retentit sur les muscles des membres. Le grand dentelé plaque l’épaule contre le garrot, réduisant tous ses mouvements. Le mastoïdo-huméral, mal dirigé, ne peut donc amener au soutien la pointe de l’épaule vers l’avant.

Les fessiers s’opposent à la bascule du bassin vers l’avant. L’étendue de l’engagement du postérieur en est réduite.

Au repos, le cheval est campé, le dos enfoncé. En mouvement, les antérieurs manquent d’extension, les postérieurs restent loin derrière sans s’engager. Un tel cheval est lourd à la main et raide.

ATTITUDE 2

Attitude 2

Une forte contraction des abdominaux accentue la voussure antérieure du pont vertébrale. Le dos rein est voussé.

Comme dans le cas précédent, les mêmes muscles chevillent les épaules.

Le cheval a des gestes étriqués, les postérieurs maintenus sous la masse ne peuvent se détendre, le cheval se porte difficilement en avant et est plus ou moins acculé.

Ce schéma corporel se retrouve souvent chez des chevaux brévilignes, aux muscles courts.

Splénius et complexus raccourcis redressent et tirent vers l’avant les apophyses épineuses des premières vertèbres dorsales.

 

Nous venons d’étudier ce qu’il en est au niveau musculaire. Voyons ce qui se passe au niveau squelettique :

Le squelette

 

Squelette

Ces deux représentations nous permettent de comprendre l’architecture du garrot, élément essentiel de la capacité à porter le cavalier.

« Lorsqu'un cheval est monté par un cavalier de 65Kg sa taille mesurée au garrot diminue d'un centimètre et demi en moyenne. Ce qui explique pourquoi un cheval si gracieux en liberté peut devenir si maladroit sous la selle » (Racinet)

De tout ce qui précède, nous pouvons en déduire que c’est la remontée du garrot qui va autoriser la colonne vertébrale à supporter le poids du cavalier, donc libérer les muscles du dos afin qu’ils redeviennent composante essentielle de la locomotion. Cette flexibilité du dos et des hanches, fondement essentiel de la locomotion, permet par ailleurs de soulager les articulations inférieures.

MISE EN PRATIQUE

Quels sont les outils éducatifs dont dispose le cavalier ? Le travail à pied et le travail sous la selle.

Initier le cheval à l’équitation, c’est le gymnastiquer pour lui permettre de porter sans difficulté, sans modification importante de sa locomotion naturelle, le cavalier.

C’est lui remonter le garrot, l’inviter à soutenir sa colonne vertébrale, l’étendre en la tendant , dans une attitude horizontale qui va permettre que le cheval fonctionne correctement de la queue à la tête . L’extension de l’encolure laisse le cheval sur les épaules. Cependant, il est maintenant dans de bonnes conditions pour engager ses postérieurs et redresser son avant-main, ce qui l’amènera progressivement à un équilibre sur les hanches. Cet abaissement de l’encolure ne nuit en rien à l’attitude naturelle du cheval libre, toujours sur les épaules.

Photo 1

-

Photo1 : jument TF au départ faible dans son dos, aux épaules nouées. Cette attitude en élongation permet de libérer le garrot donc les épaules et autorise une bonne amplitude des postérieurs.

Photo 2

Photo 2 : jument SF plus tonique, à laquelle on peut demander un abaissement moindre de la nuque au bout de l’encolure.

Progressivité est le maître mot… Il faudra donc commencer par un travail à la longe (Education et gymnastique du cheval, aux éditions PSR) en mettant en place nombre de codes que le cavalier utilisera ensuite monté (fonctionnement corporel, voix,…..).
Il n’est pas question ici de parler de méthodes (si l’on conçoit une méthode comme une suite de buts et de moyens), mais de principes et d ‘exercices de gymnastique. Car j’estime que chaque cheval est une individualité et doit être abordé de façon particulière.

Il est donc :

ESSENTIEL de découvrir son cheval tous les jours. De cette étude découlera la finalité de la leçon du jour et le choix des exercices à pratiquer.

Le travail A LA LONGE, correctement préparé a pour finalité de donner au cheval la bonne attitude, laquelle, rappelons le, est individuelle.

Cette éducation permet aussi de mettre en évidence et de corriger en son temps la dissymétrie naturelle du cheval.

Cheval naturellement incurvé à droite

 

Ci dessus un cheval qui s’incurve naturellement à droite. Il aura tendance à sortir du cercle à droite avec les épaules et à tomber à l’intérieur du cercle à main gauche.

cheval au postérieur gauche en fin d’appui

cheval au postérieur droit en fin d’appui

Ainsi la première photographie représente un cheval au postérieur gauche en fin d’appui et au postérieur droit en début de poser.

C’est l’inverse pour la photographie suivante.

Et l'on remarque très bien, en comparant les deux angles que forment les postérieurs, que l’angle de la première photographie est plus grand que le second.

Ce qui peut se traduire par le fait que le postérieur droit engage plus que le gauche, donc que les muscles qui sont à l’origine de l’avancée du postérieur peuvent plus se raccourcir, grâce à la plus grande décontraction et élongation des muscles antagonistes situés à gauche.

L’éducation à la longe doit faire la part belle à la gestuelle corporelle du cavalier, élément important et « puissant » des aides  dont dispose le cavalier pour échanger et composer avec son cheval.

Tout équitant qui veut tenter l’expérience passionnante qu’est l’éducation d’un cheval doit connaître avec exactitude l’apport gymnastique de toutes les figures de manège qu’on lui a enseignées (les figures, pas leur utilité malheureusement), ainsi que la manière de les demander et la progression à leur appliquer (voir le dossier dans la rubrique « Instruction » « figures de manège et gymnastique du cheval »).

Cette mise en pratique demande certains pré requis :

Un cavalier liant, en équilibre, à l’écoute de son cheval (voir le dossier sur « les attitudes et les ressentis »), ayant la maîtrise de son corps (voir l’article sur l’isopraxie) et particulièrement de ses mains (la main intelligente).

À compter de ce moment, et en estimant que le cavalier a les compétences techniques suffisantes, une bonne éducation à la longe met le cheval dans la bonne attitude musculaire en l’invitant à répondre à des demandes claires, précises et rigoureuses du cavalier.

Le même travail demandé monté permettra que le cheval accepte très vite le cavalier sur son dos.

Le cavalier doit avoir en mémoire qu’il lui faut un cheval :

DÉCONTRACTÉ car seule cette qualité permet au cheval d’accepter le poids du cavalier tout en ayant le dos libre. Car seule cette qualité permet au cheval de sentir les moindres demandes du cavalier (claires, précises, légères, à propos et rigoureuses)… Le cheval décontracté est un cheval CALME .

EN AVANT car seul un cheval en avant peut se jouer de son équilibre à la volonté du cavalier. Car seul un cheval en avant va utiliser la machine musculaire au mieux de sa rentabilité.
Un cheval en avant est un cheval qui répond à la moindre sollicitation du cavalier en travaillant avec ses postérieurs, qui est à même de modifier instantanément son équilibre pour l’adapter à l’exercice demandé.

DROIT car la rectitude est l’équilibre parfait, mais aussi la chose la plus difficile à obtenir de façon durable.

Conduite du travail :

- check list au début de chaque leçon qui permet aussi de mettre le cheval progressivement au travail.

- Choix des exercices en fonction du but fixé. Et des constatations faites pendant l’échauffement.

- DEMANDER PEU, RÉPÉTER SOUVENT, RÉCOMPENSER BEAUCOUP.
Demander souvent ; se contenter de peu ; récompenser beaucoup.(François Baucher);

- Préparer, demander, laisser faire...

- Une séance de travail dure le temps suffisant d’obtenir ce que l’on recherche. De cela, on conclut qu’une séance ne dure pas nécessairement une heure...

- On peut décider de changer l’objectif de la séance si on estime que le cavalier ou le cheval ne sont pas dans les meilleures conditions psychiques et physiques pour donner quelque chose de correct.

- Pratiquer régulièrement un stretching avant ou après le travail.

- Adapter la ration au travail fait. Un cheval qui consomme trop est un cheval qui ne travaille pas bien (trop stressé, il brûlera trop de calories et se ruinera le tube digestif).

- La récréation fait partie intégrante de l’éducation du cheval.

- Il est primordial, essentiel que dans ce travail, que ce soit à pied ou sous la selle, sur le droit comme sur le cercle, dans la recherche de l’extension comme dans celle de la flexion d’encolure, le cavalier soit conscient que tout vient de l’allongement des masses musculaires et non pas de leur raccourcissement (cela ce sera dans une troisième étape, l’étude du rassembler).

Une fois que le cheval accepte le poids du cavalier dans une attitude décontractée aux trois allures (ce qui sous entend un travail physique, mais aussi psychique parce que le cavalier sur le dos du cheval représente un stress pour ce dernier : animal proie dans la nature, c’est en étant sur son dos que le prédateur l’agresse !), commence une phase d’éducation aux aides plus poussée ; éducation psychique complexe puisqu’il faut que le cheval comprenne la signification du langage avec lequel le cavalier communique(ce qui demande justesse, précision et rigueur de la part du cavalier), mais aussi qu’il apprenne à accepter avec bonne volonté , bonne grâce et disponibilité de se soumettre entièrement à la volonté du cavalier.

Yves KATZ, Novembre 2012.